Tram 83
2017théâtrecréations
Julie Kretzschmar adapte le premier roman de Fiston Mwanza Mujila, l’une des voix majeures du roman congolais contemporain : Tram 83, ou l’évocation d’une Afrique sensuelle et désenchantée, entre récits et fragmentation.
Lubumbashi, capitale de la principale région minière de la République démocratique du Congo est une Ville-Pays, ville de toutes les libertés, Sodome et Gomorrhe africaine, lieu d’un fort désir d’exister et de s’appartenir. À l’épicentre de la cité, le Tram 83, haut lieu de perdition, réunit tous ceux qui cherchent le salut dans une note de jazz ou un verre de bière. Julie Kretzschmar a adapté cette fresque africaine qu’est le roman de Fiston Mwanza Mujila en restituant les effets de miroirs que nous tend ce « beau monde cassé ». Son écriture scénique, discontinue, travaille le roman en kaléidoscope pour restituer la beauté cinématographique et douloureuse de cette Afrique entre fantasmes et réalité.
« Nous sommes les princes des nuées de la débrouille, les fils de la terre et du chemin de fer. Ici, le Nouveau Monde. Tu ne couches pas, on te couche. Tu ne manges pas, on te mange. Tu ne bousilles pas, on te bousille. Ici, le Nouveau Monde. »
Fiston Mwanza MujilaEn savoir +
Considéré comme l’une des nouvelles voix de la littérature congolaise, Fiston Nasser Mwanza Mujila est né en 1981 à Lubumbashi en République Démocratique du Congo. Il vit actuellement à Graz en Autriche où il a terminé des études de lettres et de Sciences Humaines en 2007. Il prépare actuellement un doctorat sur la littérature congolaise. Il a obtenu de nombreux prix dont la médaille d’or de littérature aux VI jeux de la Francophonie à Beyrouth et le prix de la littérature de la ville de Graz en 2014.
En même temps que ses humanités littéraires et des études universitaires en Lettres et Sciences Humaines, il participe régulièrement aux activités littéraires organisées dans sa ville natale (Libre-écrire, Fabrik Artistik…), à Kinshasa (Ecritures Kinoises au Tarmac des Auteurs, stages d’écriture animés par Sonia Ristic, Gustave Akakpo, Guy Régis Junior, Olivier Coyette…) et à l’étranger (Festival International de Littérature Kwani à Nairobi et Lamu, Manifestation Yambi en Belgique…).
Tram 83 est son premier roman publié aux éditions Métailié en 2014 et traduit depuis en huit langues.
Extraits d’entretien avec l’auteur
Que représente cette « Ville-Pays », capitale de tous les dangers, au coeur d’une Afrique en déliquescence, jetée en pâture à tous les exploiteurs, grands ou petits, qui se rencontrent ou s’évitent au Tram 83, haut lieu de perdition ?
C’est un exercice périlleux que d’interpréter son propre texte tout comme de parler de sa maladie. Je suis maître de mon roman aussi longtemps qu’il traîne encore dans mon ventre. Dès la parution, il revient au «peuple» d’en disséquer le contenu…
Selon moi, et ma lecture peut-être fausse, la Ville-Pays incarne un monde qui s’effondre (1). Je suis addict à la Bible, surtout à l’Ancien Testament. La Ville-Pays puise dans Sodome et Gomorrhe, ville-bordel de toutes les libertés mais également de la prise de conscience qu’on s’appartient et que l’on peut se livrer à toutes les hérésies n’en déplaise Mvidi-Mukulu (2).
Je voulais aussi à travers cette peinture, raconter mon pays, le Congo ou le Zaïre, appelez-le comme vous le voulez, qui se dérègle. Je m’abstiens à vous faire la topologie de la violence caractéristique de l’ex-colonie belge.
Cela étant dit, Tram 83 n’est ni une peinture fidèle de l’Afrique ni un essai politique.
Pourquoi avoir choisi ce titre relativement énigmatique par rapport à l’Afrique, Tram 83 ? Lucien écrit sur son calepin : « Ceci n’est pas un bar. Où iront-ils se défouler lorsqu’il n’y aura plus de femmes à portée de leurs fantasmes ? (…) Où iront-ils noyer leurs déboires lorsqu’il n’y aura plus où se saouler la gueule ? » Ces questions traduisent le désarroi de Lucien. Mais qu’en pense l’auteur lui-même, sans passer par l’alibi d’un personnage romanesque ?
La ligne 83 du Tram de Bruxelles a été inaugurée le 30 juin 2008 et n’est opérationnelle que la nuit. Le Congo a arraché son indépendance le 30 juin. Les personnages du roman se défoncent pendant la nuit, au Tram 83…
Lucien s’emmêle les pinceaux. Les habitants de la Ville-Pays savent que dans ces pays qui n’existent que dans les manuels de géographie, l’existence est dérisoire, l’espérance de vie un bien gros mot. Alors vivent-ils (leur vie) jusqu’à la dernière sueur d’autant plus que rien ne prouve que dans l’au-delà on écoute du jazz, on boit la Primus ou la Skol (3) et on danse la bonne rumba. Qu’y a-t-il de mal à cela ?
Est-ce que le fait d’aborder pour la première fois une oeuvre romanesque t’engage vers de nouvelles pistes littéraires visant uniquement à faire fructifier tes talents de romancier ? Ou continueras-tu également à écrire des poèmes et des nouvelles, sachant que leur publication en recueils est plus aléatoire et plus confidentielle ?
Un premier roman est une belle expérience dont la récidive est nécessaire. Tout dépendra de ce que j’aurai à dire… J’écris des poèmes, des nouvelles et des pièces de théâtre depuis de nombreuses années. Si j’envisageais l’écriture dans une perspective commerciale, je me serais essayé au roman depuis longtemps. Certes le roman présente d’énormes avantages en matière de visibilité et de vente mais cela ne justifie pas le choix d’un genre littéraire. À partir du moment où on aborde la littérature en terme de tirage, on n’est plus dans la littérature. On est dans le business. Et la meilleure façon de se remplir les poches rapidement ne serait-elle pas d’ouvrir une boîte de nuit à Luanda ?…
1 : Le monde s’effondre : référence au roman de Chinua Achebe.
2 : Mvidi Mukulu : en luba, signifie Esprit-Aîné, Dieu.
3 : La Primus et la Skol : des bières congolaises.
Biographie mise à jour le 12 mai 2017
- Texte
- Fiston Mwanza Mujila
- Mise en scène
- Julie Kretzschmar
- Adaptation
- Julie Kretzschmar
- Collaboration artistique
- Lauren Lenoir
- Avec
- Aurélien Arnoux, Astrid Bayiha, Christophe Grégoire/Frédéric Fisbach, Lorry Hardel, Moanda Daddy Kamono, Charles Ouitin Kouadjo
- Scénographie
- Claudine Bertomeu
- Assistée de
- Anaide Nayebzadeh
- Lumières et vidéo
- Camille Mauplot
- Musique
- Aurélien Arnoux
- Costumes
- Claudine Bertomeu
- Julie Kretzschmar
- Régie son
- Nicolas du Villard
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Production : L'Orpheline est une épine dans le pied
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Coproduction : Les Francophonies en Limousin (Limoges), La Criée – Théâtre national de Marseille, Le pôle des arts de la scène – Friche la Belle de Mai (Marseille), Les Bancs Publics (Marseille), Le Tarmac - scène internationale francophone (Paris)
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Avec le soutien du Conseil Régional PACA, de la DRAC PACA, de la SPEDIDAM, du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques (DRAC et Région PACA), de la Ville de Marseille, de l'Institut Français – Région PACA, de l'Institut français de Kinshasa (R.D. Congo) et de Lieux publics – centre national de création en espace public.
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Résidence de recherche aux Récréâtrales 2016 (Ouagadougou, Burkina Faso), Institut français de Kinshasa / Le tarmac des auteurs 2017 (Kinshasa, R.D. Congo).
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Création le 22 septembre 2017 aux Francophonies en Limousin (Limoges).
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Le texte est publié aux éditions Métailié (Paris, 2014).
tournée 2018 | ||
10 au 12 janvier | Théâtre National La Criée | Marseille (13) |
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Théâtre de la Vignette | Montpellier (34) |
25 mars à 15h | Théâtre Jean Vilar | Vitry-sur-Seine (94) |
du 27 au 30 mars à 20h | Le Tarmac | Paris (75) |
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Bois de l'Aune | Aix-en-Provence (13) |
décembre 2018 | Kinshasa, Lubumbashi | République Démocratique du Congo |
création 2016-2017 | ||
octobre - novembre 2016 | résidence de recherche et présentation d'une première forme aux Récréâtrales | Ouagadougou (BF) |
8 juin 2017 | Résidence et lecture au Tarmac des Auteurs | Kinshasa (RDC) |
9 juillet 2017 | lecture au Festival de Marseille | Théâtre des Bernardines, Marseille (13) |
17 juillet 2017 | lecture au Festival d'Avignon | Jardin de la rue de Mons, Avignon (84) |
22 et 23 septembre 2017 | création aux Francophonies en Limousin | Limoges (87) |
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« Julie Kretzschmar avec son adaptation pour la scène de Tram 83 du congolais Fiston Mwanza Mujila, offre un regard original et décalé sur cette Afrique tant fantasmée. » | ||
« L’auteur congolais a confié son histoire à la metteure en scène Julie Kretzschmar pour en faire une histoire captivante rythmée par des mots, des danses et des musiques de cette Ville-Pays imaginée par Mujila. Un hommage à la démesure de sa ville natale, la capitale minière du Congo, Lubumbashi, transformé en conte universel. » |
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